Avec un printemps sec, un début d’été marqué par un déficit important de précipitations et après que la France ai traversé l’une des canicules les plus extrêmes pour un mois de juin, plusieurs territoires français sont désormais confrontés à une situation de sécheresse préoccupante. Face à la diminution des niveaux d’eau mettant en péril les besoins humains et la bonne santé des écosystèmes, plusieurs préfectures ont fait le choix d’instaurer des mesures de restriction des usages de l’eau.
Trois formes de sécheresse
La sécheresse n’est pas un phénomène unique. On en distingue généralement trois formes :
- La sécheresse météorologique, causée par un déficit de pluie sur une période prolongée
- La sécheresse agricole, qui se manifeste lorsque les sols sont trop secs
- La sécheresse hydrologique, lorsque les niveaux des nappes phréatiques, des cours d’eau ou des réservoirs sont anormalement bas.
Ces formes peuvent se succéder ou coexister.
Quatre niveaux d’alerte sécheresse
- Vigilance : Incitation des particuliers et des professionnels à économiser l’eau (niveau de sensibilisation, pas de restriction)
- Alerte : Réduction de tous les prélèvements en eau et interdiction des activités affectant les milieux aquatiques. Restrictions d’arrosage, de remplissage et de vidange des piscines, de lavage de véhicules et d’irrigation de cultures.
- Alerte renforcée : Restrictions renforcées
- Crise : Ce niveau est déclenché pour préserver les usages prioritaires. Interdiction des prélèvements en eau pour l’agriculture (totalement ou partiellement), pour de nombreux usages domestiques et pour les espaces publics.

Plus de 30 % du territoire est touché chaque année par des restrictions d’usage de l’eau entre 2017 et 2020
Une situation tendue dans plusieurs départements
Pas-de-Calais
Une large partie du département est placée en vigilance ou en alerte. Les cours d’eau affichent des débits très faibles, les sols sont secs, et les prévisions n’annoncent pas de pluie significative à court terme.
Bouches-du-Rhône
Dans ce département, 29 communes, dont Aix-en-Provence, sont en alerte renforcée, et 10 autres en alerte simple. Les prélèvements agricoles dans les cours d’eau sont très encadrés.
Doubs
Le département a été placé en alerte sécheresse début juillet. Le déficit de pluie y est estimé entre 25 et 50 % depuis février. La préfecture a imposé des mesures de restriction pour tout le département afin de préserver la ressource en eau.
Autres territoires concernés
Des arrêtés préfectoraux sont également en vigueur dans les Landes, les Vosges et le Bas-Rhin, qui connaissent des tensions similaires sur la ressource en eau.
Ce que prévoient les restrictions
Les mesures varient selon le niveau d’alerte et les territoires, mais comprennent généralement :
Pour les particuliers
- Interdiction d’arroser les pelouses, jardins et espaces verts entre entre le matin et le soir
- Interdiction de remplir les piscines privées
- Limitation du lavage de véhicules (autorisé uniquement en station professionnelle)
- Interdiction de nettoyage des façades, toitures et voiries.
Pour les agriculteurs
- Restrictions horaires sur l’irrigation (sauf goutte à goutte)
- Interdiction de prélèvements dans certains cours d’eau, sauf autorisation spécifique.

Une situation qui inquiète le gouvernement…
La situation est suivie de près par le gouvernement. Le 7 juillet, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a jugé la situation « déjà préoccupante pour la ressource en eau ». En effet :
- 18 départements sont actuellement en niveau de crise
- 48 départements font l’objet de restrictions d’eau à divers niveaux
…et qui va s’aggraver
Bien que des territoires comme la Normandie, le sud-est, la région parisienne ou la Picardie ne soient pas en situation de déficit hydrique, il semble important de rappeler que d’après le rapport de France Stratégie L’eau en 2050 : graves tensions sur les écosystèmes et les usages : « à l’horizon 2050, pour une année marquée par un printemps-été sec, dans le scénario tendanciel (sans inflexion notable de la situation actuelle), 88 % du territoire hexagonal seraient en situation de tension hydrique modérée ou sévère en été » (principalement du fait de l’augmentation de l’irrigation). L’ensemble du territoire sera donc confronté à des mesures de restriction des usages de l’eau. La prise en compte de ces enjeux doit donc avoir lieu sur l’ensemble des territoires, même ceux qui ne sont pas immédiatement concernés.